Qui sommes nous ? About ?


All about balance. Tout est une question d'équilibre.
Cette phrase illustre Slack depuis ses débuts en 2005.
Alors que personne n’avait entendu parler de sangle molle, Damien Mercier décida de pousser le slackline vers les projecteurs en créant la marque Slack et le site www.slack.fr, ainsi que la boutique en ligne de slackline. Vous êtes ici sur notre blog.

10 août 2015

Bis Répétita, Et Plus Si Affinité...


On ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie. On l’apprend très tôt à l’école et la vie se charge de nous le rappeler de manière régulière. C’est ainsi qu’aspirant à une tranquille semaine de travail confortablement assis devant mon ordinateur, je m’imaginais pouvoir me lamenter à loisir à cause de la chaleur, du soleil qui cogne trop fort et de l’eau du lac bien trop tiède. En bref, je me réjouissais de la perspective de ces journées de cloisonnement à venir.




Bien entendu ce fut le moment précis que le destin choisit pour me rappeler que la routine n’est pas un luxe qu’il me sera permis d’atteindre de si tôt! Corentin Bruet s’était mis en tête de répéter une vielle expédition des (feux) Skyliners (‘sont pas morts… ils ont juste changer de nom…) en retournant installer le Trésor Gap, la highline traversant les 28m de la brèche Tré La Porte dans le massif du Mont Blanc. Et même, débordant d’initiative et ne rechignant pas à portrer un sac à dos bien trop chargé, il ne cachait pas l’idée d’ouvrir une nouvelle highline. Plus longue, plus molle, plus moderne quoi!
Ayant laissé sous-entendre que peut-être il me plairait de participer à une expédition de ce genre, Corentin me prit au mot et je fus d’office compris dans la liste des highliners de haute montagne. Au nombre de six, l’équipe se composait de Corentin, Richard, plus connu sur la toile sous le sobriquet de Brad la Masse, d’Antoine Mesnage, Thibault Cheval et de son cousin Mat l’Indien. Nous n’étions loins d’êtres tous des alpinistes aguerris mais la « rando » était facile à ce qui se racontait plus bas dans la vallée.



J’avais pour ainsi dire une mission professionnelle à remplir lors de cette aventure. J’avais besoin d’images in situ de la nouvelle Moonwalk, sangle virile à la couleur saumon. Ne pouvant plus compter sur une météo défavorable, je me résolu donc à remplir mon sac, le chargeant à contre-coeur de tout l’attirail nécessaire à un bivouac en montagne, doublé d’une mission highline, triplé d’une session photo. Le regard perdu dans les pics et les arrêtes de rocher se dessinant dans le lointain, le petit train de Montenvers grimpait vers son invariable destination alors que je pensais à mes collègues de bureau bronzant devant leurs écrans d’ordinateurs. Je dus laisser échapper un soupir. 



S’en suivit une descente d’échelles vertigineuses dont notre ami l’Indien se souviendra longtemps (ah les virées highline en haute montagne quand on a le vertige, rien de tel pour faire le plein de bons souvenirs). La remontée de la Mer de Glace se fit quant à elle sans encombre. D’ailleurs à voir la pâle figure du glacier, il n’encombrera plus grand chose d’ici quelques années… La triste réalité nous frappait de plein fouet, fin juillet, il fait chaud et la glace fond! Les marchands de cartes postales pourraient avoir la décence de ne pas vendre de cartes montrant le glacier pimpant dans son ancien manteau blanc, c’est déprimant.
En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, nous étions arrivés devant un nouveau mur d’échelles en haut duquel zigzaguait le sentier menant au refuge de l’Envers des Aiguilles. Nous l’avons quitté sous la brèche pour finir de crapahuter dans un pierrier au milieu duquel coulait l’eau du glacier de Tré La Porte qui fondait sous la chaleur estival. Enfin, lorsqu’aucun nuage ne s’agrippait à l’Aiguille de la République et au Grépon. Oui, nous étions hélas sous l’unique nuage du massif. Mais rassurez-vous, d’autres nous ont rejoint dans la soirée. 




La highline de 28m fut rapidement installée et tendue « à l’ancienne », comprenez comme un cable. Plus qu’une réelle volonté, peut-être était-ce dû au fait que la sangle faisait deux mètres de moins que le gap… Finalement, alors que la lumière déclinait, Thibault, Antoine et Corentin finirent de pinailler pour enfin commencer à installer cette nouvelle highline de 70m qui allait écoper du nom de « Saumon Dépucelé ». Première highline pour notre Moonwalk à la couleur unique.

Le soir était là et le vent nous frigorifiait. Corentin fut régulièrement rabroué pour nous avoir vendu un ciel dépourvu de nuage d’où les étoiles pourraient à loisir se réjouir de notre présence, nous observant depuis leur canapé stellaire. Mais non. Avant de rejoindre nos couchages, nous avons ingurgité notre soupe à l’eau du glacier, puis notre riz/macédoine à l’eau du glacier avant de nous rincer un peu la gorge, toujours avec l’eau du glacier et ses minéraux bien tangibles qui croquaient sous les dents. Corentin fut néanmoins félicité pour la météo radieuse du lendemain car nous sommes peut-être des rustres mais pas rancuniers.




L’heure était donc venue de se mettre au travail. Baudriers au fesses chacun s’affairait à ses petites affaires. Richard jouait des massues sur le Trésor Gap, Corentin, Thibault et Antoine s’amusaient à dépuceler le saumon et notre indien bravait sa peur du vide en s’offrant un aller-retour en poulie au dessus de la brèche. Tantôt sautant de rocher en rocher, pendu à une corde ou au milieu d’une highline je m’occupais de mes photos lorsqu’Antoine me rappela que moi aussi je faisais de la highline et qu’il serait de bon aloi de  m’y coller. Moi qui pensais passer inaperçu… En bon papy de la highline, je me suis contenté de m’aventurer sur les 28m sur-tendus (trop tendus?!) et d’y faire deux aller-retour qui - avouons-le - m’auront mis la banane pour plusieurs jours. Nous étions des skyliners! Merde alors!





Mais comme les lauriers c’est bon dans le pot-au-feu mais faut pas trop s’y reposer, nous avons engager le démontage et amorcé la décente afin de ne pas manquer le dernier train vers la civilisation. Accomplir de grandes choses c’est bien, mais ça ne vaut pas de se les remémorer devant une bière! Ou encore devant un ordi au bureau le lendemain. C’est là, confortablement assis, entouré de ses collègues qu’on se dit qu’on était bien là haut et on se demande alors ce qu’on fait là, assis entre quatre murs. Mais bon, on ne fait pas toujours ce qu’il nous plait!





Texte et photos : Fab Wittner