De retour de leur escapade en Iran, Robin nous gratifie d'un petit article sur leurs pérégrinations funambulistiques.
Enjoy.
« Voila, dans notre petite cabane, un chenil pour
highliner...
Vous ferez attention en sortant faire pipi, ya 500 mètres en dessous »
Vous ferez attention en sortant faire pipi, ya 500 mètres en dessous »
Nous nous trouvons dans une petite cabane, le plus
grand des 3 refuges perchés, incrustée à mi hauteur de la falaise,
sur un petit éperon rocheux.
Nous sommes à Bisotun Wall, en Iran, invités sur
place pour y introduire la highline à l'occasion d'un festival de
grimpe, the International Iran Rock Climbing Festival. Léa, Théo,
Jean Charles et moi même (Robin) débarquons à Téhéran, il est
3h30 le matin. Nous sommes les 4 seuls occidentaux de l'avion, la
file « foreign », à la douane, nous est réservée. Qu'à
cela ne tienne, nous ne la franchirons que 4h plus tard, avec nos
visas et une joyeuse bande de frenchy's, arrivés peu après nous par
un autre avion.
La première journée sera consacrée à la visite des
quelques monuments emblématiques de Téhéran, le grand « Teheran
palace » et le musée national.
Nous rejoignons la falaise le lendemain, par un vol
intérieur d'une petite heure, excepté Théo qui aura mis la nuit en
mini bus, faute de place dans l'avion.
On s'attendait bien a un beau morceau de cailloux,
mais nous sommes tout de même impressionnés par ce monument
calcaire, le plus gros du monde partait-il. Plus de 1200 m de
dénivelé. Notre avion, qui va atterrir quelques 40km plus loin,
passe à mis hauteur de la falaise que nous pouvons alors observer
par les hublots, non sans une certaine appréhension. Comment ne pas
se perdre dans ces méandres rocailleux, ces vires et piliers qui
s'entrecroisent et font chacun 200m de haut ? Une chose est
certaine, le potentiel highline est avéré, nous trouverons quelques
belles lignes à ouvrir.
Il faudra encore attendre un peu avant d'aller tâter
le cailloux, cette première journée sur le site, déjà bien
entamée par le voyage depuis la capitale, sera consacrée à
l’installation d'une petite ligne, fixée entre deux camions grues.
Le site où se déroule le festival est bien gardé, différentes
polices et l'armée est bien présente, nous nous sentons en
sécurité.
Ce n'est que le lendemain que les choses sérieuses
vont commencer. Tombé du lit relativement tôt (en même temps que
les grimpeur partant à l'asso de la falaise), je pars pour un
repérage qui s'avère fructueux. A une petite demi-heure de marche
facile (45-50 min de galère avec les gros sacs), un canyon asséché
laisse imaginer des belles lignes, de 10 à 80m de mètres de long, à
quelques 60m du sol. Je retourne récupérer Théo et les slackeurs
iraniens, Mohamad, Ali et Amir, et nous choisissons une première
ligne que nous nommerons « Chaï tea » en dédicaces à
la bande de gamins qui nous inviterons à boire le thé à coté de
la ligne. Une belle highline de quelques 25m de long pour cette
première ouverture franco-iranienne. Quatre gougeons de 10mm plus
tard, le perfo rend l'âme et nous finirons l’installation à la
nuit, après être redescendus charger les batteries au caravanseray.
Les jours suivant, nous ouvrons d'autres lignes. Avec Théo, Mohamad
et Ali nous nous occupons de la « Marmouleck » (le
lézard locaux), une belle 85m, et nos compagnons, Léa, JC, Manu et
Sam s'occupent de « Be the Toon », une mignonne 17m. La
première école de highline iranienne est en place, idéalement
située proche du camps de base du « CAF » Iranien.
Facile d’accès, gazeuses mais rassurantes, les lignes sont simple
à passer et à installer, sur les plate formes bien confortables.
Nous ne sommes pas venus pour rien, et les slackeurs
iraniens sont désormais autonomes, nous leur avons transmis les
quelques règles de l'art d'une installation correcte, place au
sport.
Chacun prend le temps d'aller sur les lignes qu'il
veut, et pour la plupart des locaux, c'est leur baptême de highline.
Un grand bravo tous pour leur persévérance, et notamment à Mohamad
qui finit par valider « Chaï tea », 25m, alors que le
max qu'il ait pu slacker au sol était de 20m.
Nous partons également en repérage. De belles
ouvertures restent à faire, plus haut dans la falaise, et la, ça
devient la mission, et le temps manque.
Mais nous ne pouvons pas quitter ce lieu sans faire
un tour au sommet. C'est ainsi qu'après une matinée de highline,
nous partons pour l'ascension du mont Bisotun. Ou des monts, on se
rendra compte qu'il y a plusieurs sommets.
La corde que je partage avec Théo est menée par
Manu, notre guide favori. Léa ouvre la deuxième cordée, JC la
suit. Un guide iranien nous aiguille depuis les slack vers la voie
qui mène dans un premier temps au refuge. « easy climbing,
three hours » nous répète t'il, en gesticulant face à la
montagne. 5H plus tard, nous mettons les pieds sur la plateforme où
repose la fameuse cabane. Le rocher est dément, l'ambiance et les
couleurs merveilleuses.
S'attacher au bout d'une corde et poser quelques
protections prend du temps, et les iraniens doivent être pressés.
Ils ont une très bonne connaissance de leur montagne, sont
extrêmement à l'aise dans leurs itinéraires, certes faciles (à
part 3-4 longueurs dans du petit 5, la grimpe se rapproche de la
marche équilibrée par avec les mains), mais leurs techniques
d'assurages ne sont pas forcement rassurantes, et il faut rester
vigilant, certains gros blocs sont bien branlants.
C'est à la tombée de la nuit que nous découvrons
le fameux refuge, dissimulé tout au long de l'ascension. Nous
dormirons en quinconce, pied-tête-pied-tête... avec bien sur, les
pieds dans les sacs à dos (une requête de Léa, prise entre mes
pieds et ceux de Théo). Malgré notre proximité, il ne fera pas
chaud, l'air s'engouffre entre les planches du refuge, sans matelas,
pour nous chatouiller la nuque et autres points sensibles, nous
sommes partis légers, sans duvet.
Nous repartons à l'aube le lendemain matin, et au
bout d'une heure et demi, Sam et Benham nous ont rejoint. Ils sont
partis le matin, effectivement, « Easy climbing, three
hours... » c'est p't'être pas des conneries, c'est juste nous
qui sommes lents...
Après la p'tite pause sommitale, la (dure) descente
et un p'tit break au camps de base, il est temps de démonter les
lignes. En occurrence, c'est nous qui nous sommes faits démonter.
Après 1 semaines de sécheresse, en plein cagnard à bouffer la
poussière, il a fallu qu'un orage nous tombe sur la gueule. Et quel
orage ! Les éclairs pétaient de partout, en mois de 5 seconde on
était trempé jusqu'aux os, sans parler de la grêle qui nous
fouettait sans vergogne. Une petite tornade à ravagé un chantier en
contre pas, mais ça, nous n'avons pas pu le voir, on ne distinguait
pas le bout des slack.
Ainsi, en moins d'une demie-heure à 6, les trois
highlines (dont une 85m – 250m de moonwalk + 200 de stat) étaient
dans nos sacs. Jamais un démontage n'a été aussi efficace, et
c'est au soleil que nous redescendons, face à un très bel arc en
ciel. Épique...
Nous repartons le lendemain en Europe, trajet qui se
fera sans encombre, et nous apprécions l'escale de 10h à Rome, où
nous dégusterons pizza au jambon cru, avec un petit verre de vin.
Un grand merci à tous les copains de cette belle
aventure, Théo Sanson, Jean Charles Fayard, Léa Deslandes, aux
slackeur iraniens Mohammad Reza Abaee, Ali Baratzadeh, Amir Nouri et
Ali Rostame, à nos guides Manu Pellissier et Sam Beaugey, et surtout
à l'organisation de ce festival, et en particulier à Ebrahim. Et
bien entendu, à slack.fr pour leur soutien, c'était dément et on
repart bientôt pour de nouvelles aventures !
Robin Exertier