On garde les mêmes et on
recommence, alors nous voilà en route, Lou, Mathieu, Faleg et
moi pour Montanejos, un village thermal situé au Nord-Ouest de
Valence. Faleg et moi faisons un crocher à Tarragona, pour récupérer
Fernando, alias Fiku, un ami de longue date de Faleg qui a une
spécialité ou plutôt une phobie… Le vertige.
Quand on se
promène à Montanejos, on croise, soit des grimpeurs venus faire de
la grande voie, de la couenne ou du terrain d’av, soit des
personnes âgées venus faire de la balnéo thérapie et profiter des
bienfaits de l’eau des thermes.
Ce sont les derniers jours de Lou et
Mathieu en Espagne, alors l’idée de poser une belle highline nous
trotte dans la tête.
Au cours des 3 premiers jours, on fait
de la water, de la grimpe et de la randonnée pour repérer les
différentes possibilités qui s’offrent à nous… Six heures de
marche dans le canyon nous montrent la ligne tant espérée. A vu
d’œil, une 60-70 mètres à environ 60 mètres de haut. Pour
arriver à notre but, il faut faire un petit rappel d’un côté et
de l’autre, entourer une aiguille en naturel en y accédant par
une voie d’escalade. Mardi soir, nous étudions la situation, le
matériel dont on dispose, la motivation de chacun, et bref, après
concertation, la décision est prise : on se lance dans
l’équipement et l’installation de cette ligne.
Le plan est le suivant : Faleg
descend en rappel depuis la route pour poser les points. Pendant ce
temps, Lou et moi grimpons l’aiguille pour aller l’encercler
d’une élingue. Enfin, Mathieu se charge du passage de ligne par la
rivière.
Réveil matin 7 heures 30, petit
déjeuner de compet’ comme on les aime et c’est parti !
Chacun se dirige vers sa mission. Lou et moi avons une vingtaine de
minutes de marche d’approche pour accéder au pied de l’aiguille.
Mais malheureusement Couak ! Première fausse note de la
journée : Il nous manque les dégaines ! Alors, Lou fait
son footing matinal et retourne au camion pendant que je me prépare
psychologiquement à grimper cette voie. Il s’agit de 2 longueurs
cotées en 6a+ (ressenties 6b+), autrement dit de 50 mètres dont la
moitié se passe dans une fissure et les fissures c’est loin d’être
mon truc...
Je commence à grimper, parée, avec
mon élingue et mon banana bien rangés dans mon sac à dos. Tout se
déroule plutôt bien jusqu’à ce que j’arrive dans la fameuse
fissure. Il n’y a pas beaucoup de pieds, les points sont assez
espacés, ça glisse et dans ma tête commence à raisonner la phrase
« je n’ai vraiment pas envie de me la coller ici ». En
cherchant le regard compatissant des garçons, je vois qu’ils
s’activent et que tout avance comme prévu de leur côté et puis
sous les encouragements de Lou en bas, je retrouve ma détermination
et l’envie d’arriver en haut de cette fichu aiguille…
Donc,
après un gros combat mental d’une heure environ, j’y parviens
enfin ! Pour m’apercevoir que vu de dessous, nous avions
sous-estimé la taille du sommet de ce rocher et que mon élingue de
4 mètres est bien trop petite ! Mais pas de panique, on avait
prévu le coup ! Par contre, le vent se lève dans les gorges ce
qui rend la communication impossible entre nous.
Mathieu me rejoint en haut et m’aide
à terminer le côté aiguille. On sent la fin de l’instal’ qui
approche, jusqu’à ce que Faleg s’efforce de nous mimer à
l’autre bout du canyon que la maverick de 80 mètres + la corde de
back up sont trop courtes ! Autre gros Couak … Mathieu et
moi, vu de l’aiguille on se rend compte de rien et puis surtout on
ne comprend rien. Il fait froid car le soleil est déjà passé de
l’autre côté et on a faim alors on redescend et on retourne
au camion pour arriver à discuter avec les autres. (Pendant ce
temps, Fiku rien qu’à nous observer, enchaîne les allers-retours
sur lui-même, et se ronge les ongles jusqu’à s’attaquer à ses
doigts…)
Effectivement on s’est bien planté,
il n’y a pas exactement une distance de 60 mètres ! Alors on
continue ou pas ?? Faleg est super motivé et il veut finir ce
qu’on a commencé. Alors il donne les consignes, file du côté
aiguille, se tape la remontée sur stat’ de 50 mètres en 10
minutes, on fait les manips de corde pour lui envoyer les 200 m de
maverick doublée et scotché et le tour est joué.
En effet, notre 60 mètres rêvée en
fait au moins 85-90 ! Bizarrement ça ne se bagarre pas pour
monter sur la ligne. De plus ce canyon est un vrai courant d’air.
Je me lance la première. C’est dur et j’ai l’impression d’être
dans une machine à laver !
Au final, Faleg et moi ne parviendrons
qu’à faire des retours et des arrivés sur une vingtaine de mètres
et Mathieu nous aura donné espoir jusqu’à la fin ! Il
traversera une bonne moitié de la ligne !!!
Ligne majeure, installation faite de
nombreuses péripéties. On continue d’apprendre. Le démontage se
fera comme d’habitude bien plus facilement que le montage. C’est
l’heure de se dire au revoir. Mathieu et Lou reprennent la route
pour la France, et nous on pose Fiku dans un train à Valence et …
On the road again direction l’Andalousie .