Cet
été, nous avons eu la chance, ma famille, Estelle et moi, d'aller
visiter la Chine.
Les
trois semaines prévues nous laissaient le temps de découvrir
différents endroits, sans les survoler.
Ne
sachant pas du tout à quoi m'attendre pour la Slackline, et n'ayant
aucune information sur d'éventuels spots, j'ai pris dans ma valise
le minimum vital : de quoi tendre 60 mètres de Moonwalk, légère
et facile à tendre.
Après
avoir passé quelques longues heures dans l'avion, s'être fait
arnaquer par un chauffeur de taxi et avoir eu le plaisir de se rendre
compte que la réservation de l’hôtel n'avait pas été prise en
compte, nous nous retrouvons finalement à Pékin. Dépaysement total
dans cette ville de plus de 12 millions d'habitants (2 fois
l'Irlande ou j'ai passé une bonne partie de cette année), nous
visitons les classiques, la cité interdite, et la muraille de Chine.
Cette
dernière est en fait restaurée seulement sur quelques lieux,
touristiques et bien surveillés. Il me fallait quand même essayer,
et prendre la Slack, au risque de porter un sac bien lourd toute la
journée pour rien. Après avoir marché jusqu'au bout du chemin
autorisé, passé la dernière caméra, on trouve un endroit plutôt
joli, et peu fréquenté par les touristes. Ni une ni deux,
j'installe une énorme longline (4 m environ), et démarre une longue
traversée. Un aller, un retour, quand je vois qu'un petit morceau
d'écaille est en train de se décoller de la muraille, au moment ou
un chinois typé asiatique un peu louche et l'air suspicieux passe.
Je désinstalle donc rapidement, et on file. Muraille de Chine,
fait !
On
quitte alors la capitale, reprend un vol direction Yangshuo. Ville
assez touristique et jumelée avec Annecy-le-Vieux, Yangshuo est
entourée de petites montagnes (pains de sucre), et de sa rivière Li
qui les contourne. Les panoramas sont magnifiques, et on profite de
vélos et scooters pour faire de belles balades. La ville en elle
même est par contre assez spéciale, des vendeurs de bibelots nous
accostent à chaque pas, et l'odeur nauséabonde du marché de la
ville rappelle bien qu'en Chine, on mange de tout ! Et dire
qu'en France, on se dit réputés pour être mangeurs de
grenouilles ! La bas, c'est des crapauds énormes, du serpent,
et je passe nos si mignons animaux de compagnie...
Revenons
à nos installations. Lors d'une ballade en vélo au milieu des
villages, j'avais pris le risque d'emmener, encore une fois, tout
mon matériel en balade. Heureusement, on traverse la rivière
Yulong, sur un pont typique (Fuli bridge). On en profite pour se
baigner, et pour installer une petite Waterline. En accédant à
l'arbre de l'autre côté, il fallait légèrement marcher dans la
broussaille. Après deux pas peu sereins, je vois un gros serpent qui
sort devant moi pour aller plonger dans l'eau. Il me faut alors une
bonne dizaine de minutes pour atteindre l'arbre, se trouvant à 5
mètres de moi, en fauchant le sol avec mon élingue et en tapant des
pieds !
Après
quelque temps, une Moon bien molle traverse finalement la rivière
Yulong. Il fait cependant tellement chaud que l'on a plus envie
d'être dans l'eau qu'au dessus !!
Yangshuo
nous a aussi permis d'installer une première Highline. En allant
grimper quelques jours plus tôt, nous avions repéré une vieille
tyrolienne abandonnée, qui laissait place à de nombreux spits
accessibles de part et d'autre d'une grotte. J'avais entrepris alors
l'installation, traversé le cable sur les fesses pour passer la
ligne, triangulé, etc, pour me rendre compte au dernier moment que
j'avais oublié le leash … Non pas juste à côté comme il arrive
souvent, mais à l’hôtel, à une bonne heure en scooter. Restons
calme, restons calme, et nous y retournons donc quelques jours plus
tard, avec tout le matériel nécessaire. Ayant déjà fait
l'installation complète auparavant, il ne me fallut pas très
longtemps pour la refaire, avec le leash cette fois ! Je
scotche, effectue une traversée, et là, surprise ! La
tyrolienne que l'on pensait abandonnée était en fait un nid à
touristes, qui payaient une petite fortune pour une tyrolienne de 30
mètres et une descente en rappel. Ayant un côté ancré sur la
tyrolienne et un côté ancré sur le rappel, il nous fallut
désinstaller assez rapidement, puisqu'un groupe arrivait sur le
spot.
Ne
voulant pas être trop encombrés par le monde, on se dirige alors
vers une autre grotte, juste à côté, pour faire de nouveau
quelques voies. Les premiers spits des voies de chaque côté nous
permettent en même temps d'installer deux petites lignes, histoire
de slacker en attendant notre tour, et aussi, de pouvoir s'asseoir
autre part que sur un sol bien poussiéreux. Après s'être bien
entraîné à la maison, ce n'était qu'une routine pour le père,
Dom (mon papounet...!), de flasher sa première ligne au sol :
Ca progresse, bientôt la highline !
Estelle
elle nous enverra des petits tricks, tout en esthétique !
Il
était temps pour nous de quitter la ville de Yangshuo, pour rentrer
dans les terres plus sauvages et moins peuplées. A travers les
rizières, nous nous arrêtons dans la petite ville de Danian. Au
programme, la visite de plusieurs villages de minorités ethniques
(les Miao...), à la découverte de la Chine profonde. Un sacré
changement après avoir visité deux grosses villes !
On
en profite même pour dormir chez l'habitant. Enfin dormir, sans
compter les 50 coqs du village, qui nous réveilleront à 2 heures du
matin, en poussant la chansonnette jusqu'au jour.
Entouré
de rizières, il me fallait absolument trouver un spot pour tendre
une highline au dessus de celles ci. Mais ce n'était pas si facile,
étant donné que chaque rizière est cultivée, et que rien qu'en
marchant à côté, on se rend compte que ces plantations grouillent
de serpents et d'animaux en tout genre. Pas si facile donc !
On
demande donc au guide qui nous accompagnait pour quelques jours, s'il
connaissait «un endroit ou il y a des plantations, des arbres à
même hauteur et où on pourrait mettre un fil pour marcher dessus ».
Il ne fallait pas en dire plus pour que lui et son ami chauffeur,
férus de nouveauté et de spectacle, nous emmènent voir plusieurs
coins qu'ils imaginaient propices à une telle folie. Après avoir
roulé un bon bout de temps, avoir renoncé à plusieurs spots peu
adéquats, on tombe finalement sur un bon spot. Deux arbres de chaque
côté, pas vraiment au même niveau mais ça fera l'affaire !
On installe donc un côté, puis vient le moment stressant de
traverser la rizière, puis de remonter de l'autre côté, dans une
terre pleine de végétation. Me voyant hésiter, le chauffeur passe
devant avec ses vieilles Crocs, et se retrouve en un rien de temps de
l'autre côté. Il ne me reste plus qu'à m'aider de la corde pour
remonter, bien sympa !
L'installation
se fait rapidement, encore une sacrée ligne type « dré dans
le pentu » ! Une pente d'au moins 3 mètres pour une ligne
de 40 mètres, ça commence à faire. C'est malgré tout un énorme
plaisir de slacker au dessus des rizières, pas si facile avec le
chapeau chinois !
Notre
guide fera même une traversée en poulie, peu serein mais bien
content. Elise, ma petite sœur de 12 ans, se jettera elle aussi dans
le vide avec la poulie, en profitant de la pente de la ligne pour
faire une petite tyrolienne.
Le
lendemain, nous prenons un train, qui nous emmène à Hong Kong à
300 km/h. Encore un énorme dépaysement que de passer d'un village
qui vit en totale autarcie, à une ville puissante et énormément
riche.
N'ayant
pas vraiment préparé de plan Slack, et n'ayant pas eu internet
pendant 3 semaines, je n'avais pas spécialement prévu de slacker
ici. Mais finalement, après avoir fait quelques recherches, j'avais
remarqué qu'une highline avait été installée sur un site
d'escalade. On s'y rend donc, en ne manquant pas de se perdre dans la
jungle, dans une montée bien raide, sous une chaleur de 35 degrés
et 90% d'humidité. Après 2 bonnes heures, nous arrivons à cette
« falaise facile d'accès ». Je me rends compte que la
ligne de 60 mètres est bien difficile à passer avec la végétation,
et que je n'aurais pas assez de temps, surtout avec les quelques 2
litres d'eau que nous avions pour 4 avec cette température.
Comme
l'improvisation était l'atout principal dans ce voyage, on finit par
installer une mini highline sur deux arbres, d'une quinzaine de
mètres. Pas très haute, la chute n'était pas très conseillée.
Mais slacker à Hong Kong, c'est quand même quelque chose, ça
valait bien ce risque !
On
finira finalement la journée avec Estelle, de nuit, à Slacker sous
les buildings de Hong Kong pour notre dernière soirée avant de
rentrer en France. Un superbe moment, ou il nous aura fallut prendre
des selfies avec nos amis Chinois et leurs Selfie sticks. Ils sont
fous ces Chinois !
A
chaque fois que j'arrive à installer quelque chose dans un pays
étranger, c'est toujours un énorme plaisir. C'est totalement
différent, on y va sans aucune connaissance, ni du spot, ni du pays.
On ne prend que le strict minimum en materiel, et on s'adapte à
l'endroit : Des fois ça penche, des fois c'est court, des fois
c'est pas très solide, des fois vaut mieux pas tomber. C'est pour
cela qu'il est important de savoir slacker sur toutes les tensions,
et d'avoir une distance maximale où l'on est sur de ne pas tomber,
quelque soit la ligne. On ne pourra pas tous battre des records, mais
la slackline laisse tellement de possibilités que l'on pourra tous
installer notre propre ligne.
Keep
it Slack,
Antoine
Merci beaucoup à Estelle Peretto, la copine d'Antoine, et à Dominique, son papa, pour les jolies photos qui illustrent cet article ;-)
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