Joshua Tree
Après
une dernière visite chez Terry avec les Frenchies, Faith et moi
prenons la route de la Californie ce samedi 12 décembre.
C’est
parti pour près de 14h de route à travers le Colorado, l’Utah, le
Nevada, pour finalement arriver à Joshua Tree, spot mythique
d’escalade et de highline.
Thibaut et un Joshua Tree |
Sur
la route nous nous arrêtons dans la ville du vice, Las Vegas.
Nous y mangerons une pizza, halluciner devant la démesure et le ridicule de
cette ville, avant de reprendre la route. Arrivée à 4h du matin à
Joshua Tree, nous bivouaquerons sur le bord de la route, préférant
attendre le lendemain pour rentrer dans le parc car nous avons
quelques courses à faire avant de quitter à nouveau la
civilisation.
La
première journée en Californie commence assez mal pour moi, en
effet dès le début de matinée je rends tout ce que j’ai mangé
la veille. L’indigestion devra durer toute la journée ; merci
Vegas et tes pizzas douteuses !
Cuisine au feu de bois |
Après
quelques courses nous entrons finalement dans le parc.
Le
parc dispose de plusieurs spots de camping aménagés, chacun
constitué de 5 à 35 emplacements où peuvent camper 6 personnes
(officiellement…). Des spots pour faire du feu sont aménagés, des
toilettes sèches sont à disposition, etc… tout est fait pour que
le grimpeur puisse rester dans le désert en minimisant son impact
sur l’environnement.
Nous
réussissons à trouver un emplacement de libre, posons les affaires,
puis Faith m’emmène directement à la « Space Station ».
Avant
toute chose il faut savoir que Joshua Tree regorge d’endroit
insolite que les grimpeurs se sont appropriés et qui sont au fil du
temps devenus des points de passage obligés pour tout grimpeurs qui
découvrent l’endroit.
Il y a donc la Space Station, le Hobbit
Hole, la Iron Door, le Chasm of Doom, sans oublier le Morning Solo
Tour etc…
Donc
pour commencer, la Space Station.
C’est un trou creusé par
l’érosion en haut d’une falaise, auquel on accède en grimpant
en solo une cheminée facile, pour ensuite boire une bière face au
coucher du soleil. Dans ce trou célèbre, on rencontre de drôles de
personnages, icônes locales du lieu : Hobbo Greg, Mendo John,
etc…
C’est ainsi qu’on peut se retrouver à boire une bière en
écoutant de vieux grimpeurs des années 70 avec leurs petites
lunettes de hippies et leur cheveux longs, discuter du bon temps sur
fond de vieux rock tout en fumant un énorme pétard, sans aucune
trace de tabac dedans, avec en toile de fond un magnifique coucher de
soleil. Le genre de moment qu’on n’oublie pas !
Dès
le lendemain, et pour les quatre semaines à venir, le programme sera
simple : grimpe, grimpe, et grimpe, avec parfois un peu de
highlines pour laisser la peau des doigts se régénérer.
La grimpe à J. Tree est assez originale : de grandes dalles de granit lisses, et des fissures. Avec toutefois quelques exceptions, on peut effectivement trouver de rares murs verticaux à réglettes. Quoi qu’il en soit, l’escalade est technique, tout en placement et en équilibre.
La grimpe à J. Tree est assez originale : de grandes dalles de granit lisses, et des fissures. Avec toutefois quelques exceptions, on peut effectivement trouver de rares murs verticaux à réglettes. Quoi qu’il en soit, l’escalade est technique, tout en placement et en équilibre.
Concernant
l’équipement, on note, comme dans certains secteurs du sud de la
France, une éthique assez stricte, qui transparaît dans le nom des
voies (Rap Bolters are Weak / Les équipeurs par le haut sont faibles) ou dans les histoires concernant les premières ascensions,
ou l’assureur menaçait le leader de le faire tomber s’il
utilisait un crochet goutte d’eau pour percer le spit… Tout un
programme.
Thibault dans EBGB's 5.10d |
Faith Bloc |
Thibaut dans Illusion Dweller 5.10b |
Thibault dans Hobbit Roof 5.10d |
Durant
un mois nous enchaînerons les classiques, la plupart étant des
projets de longue date pour Faith, et les voies un peu plus dures
pour moi. Assez vite la peau du bout de nos doigts disparait, mais
avec un jour de repos par semaine, impossible de cicatriser, il
faudra faire avec !
Dans
notre moisson de voies nous cocherons par exemple Illusion Dweller,
une magnifique fissure oblique de 40m.
EBGB’s une dalle célèbre
pour son « run out » avant le sommet où Lynn Hill a
chuté et s’est cassé la cheville.
Run for Your Life, Sidewinder,
et, plus dur, Rap Bolters are Weak, WangerBanger, Hot Rocks…
Faith dans WangerBanger 5.11c |
Thibault dans Rap Bolters are Weak 5.12a (7a+) |
Après
l’euphorie Moabienne et la densité de personnes au mètre carré
pendant le GGBY, nous essayons de nous tenir à l’écart de la
foule, et restons donc à distance du rassemblement de highliner qui
se déroule à trois emplacements du notre.
Nous ne poserons pendant ce séjour que deux highlines, une 56m appelée Ranger Danger, ouverte par Faith, Jan Galek et Jordan Tybon 6 ans auparavant, et Worth It, une ligne que nous ouvrirons en haut du plus haut bloc de Joshua Tree, Saddle Rock.
Nous ne poserons pendant ce séjour que deux highlines, une 56m appelée Ranger Danger, ouverte par Faith, Jan Galek et Jordan Tybon 6 ans auparavant, et Worth It, une ligne que nous ouvrirons en haut du plus haut bloc de Joshua Tree, Saddle Rock.
Cette ouverture mérite
quelques détails :
Ranger Danger |
Après avoir grimpé Walk on the Wild Side, une des rares grandes voies de J. Tree, située sur la face Ouest de Saddle Rock, nous décidons de revenir le lendemain pour repérer les ancrages de cette ligne que Faith regarde de loin depuis des années.
Nous revenons donc le jour suivant, trouvons un chemin pour rejoindre le col, grimpons en solo quelques dizaines de mètres de cheminée pour rejoindre le véritable sommet, repérons les ancrages, mesurons la longueur de la ligne, etc… Et décidons de revenir équiper la ligne plus tard lorsque nous serons plus nombreux.
Sommet de Walk on the Wild Side (Saddle Rock) |
Pour
des raisons de froid polaire, d’escalade intensive, et de problèmes
d’organisation, nous ne reviendrons équiper cette ligne que le 1er
Janvier (lendemain d’un jour de l’an mémorable, ma première
action de 2016 aura été de grimper saoul, à vue, sans crash-pad et
en chaussures de ville un bloc offwidth, peut être le signe que je
devrais persévérer dans ce style de grimpe atroce !), de nuit
pour éviter les rangers qui patrouillent.
Hobbit Hole Offwidth |
Nous
partons donc de nuit Corey, Mark Faith et moi, avec le matériel pour
les ancrages et le perfo, frontale éteinte au début, puis en mode
« lumière rouge » quand la marche devient à moitié
escalade.
Mark
et moi attaquons à percer et réaliser les scellements sur le côté
« tour » pendant que Corey et Faith préparent le rappel
sur coinceurs pour accéder à l’emplacement du second ancrage.
Worth It vue de loin |
Alors
que le côté « tour » est fini et que Faith attaque à
percer le côté « dalle », nous remarquons une activité
inhabituelle plus bas, loin sur la route : les rangers cherchent
à qui appartient la voiture, notre voiture, garée ici au milieu de
la nuit. En effet, le stationnement est interdit de nuit, nous sommes
donc assez peu discret avec notre gros 4x4.
Moment de flottement,
Faith arrête de percer de peur qu’ils entendent le bruit du perfo,
nous éteignons les frontale et attendons.
Fausse alerte. Nous
reprenons. Une seconde voiture s’arrête. Nous arrêtons tout à
nouveau. Fausse alerte. Mark décide de descendre récupérer sa
voiture et de retourner au campement avec, il viendra nous chercher
plus tard.
Nous
finissons donc l’équipement de la ligne, redescendons et attendons
Mark. Après une demi-heure d’attente nous commençons à nous les
geler sérieusement et commençons à marcher le long de la route.
Arrivé à la moitié du chemin et alors que nous n’y croyions
plus, le voilà qui arrive enfin, avec burritos et IPA (délicieuses
bières américaine) : il a fait un aller-retour de 50km pour
nous ramener ce festin, pensant nous faire plaisir après cette belle
mission. Il ne s’est pas trompé, et c’est autour du feu,
mangeant et buvant que se termine notre soirée, il est 2h du matin,
nous étions partis le ventre quasi vide à 19h, pensant n’en avoir
que pour deux ou trois heures.
Thibault sur Worth It |
Deux
jours après, nous montons à nouveau, pour constater que la colle
est encore un peu visqueuse sur le dessus. Ne voulant pas prendre de
risque nous redescendons et Mark, qui nous a fourni ladite colle, se
rend en ville pour trouver des informations sur notre problème.
Finalement l’hypothèse retenue est que la température de stockage étant trop basse, la colle a pris un peu plus de temps pour sécher.
Nous remontons donc pour la quatrième fois en haut de Saddle Rock pour finalement poser et traverser la ligne ! Avec une superbe exposition sur le désert la ligne est vraiment magnifique !
Finalement l’hypothèse retenue est que la température de stockage étant trop basse, la colle a pris un peu plus de temps pour sécher.
Nous remontons donc pour la quatrième fois en haut de Saddle Rock pour finalement poser et traverser la ligne ! Avec une superbe exposition sur le désert la ligne est vraiment magnifique !
Faith,
Mathieu, Alejandro, Andrew et moi passerons un très bon moment
là-haut, sous les objectifs de Mark et Corey qui ne se sentent pas
de s’élancer dessus.
Alejandro sur Worth It |
Après
cette ouverture direction les sources thermales ! Depuis le
début du séjour, le mardi est synonyme de douche ! L’entrée
des sources thermales est seulement à 3$ ce jour-là, c’est donc
l’heure pour nous de prendre notre douche hebdomadaire, suivi d’un
sauna et de bains dans les jacuzzis (mains hors de l’eau pour
éviter de perdre la corne si durement créée ! Facile de
repérer les grimpeurs dans le coin !).
Andrew sur Worth It |
Le
lendemain, mercredi 6 janvier, sera le seul et unique jour de pluie
du séjour, nous plions donc la tente et filons vers Los Angeles où
Mathieu et moi avons notre avion vendredi.
Après le calme du désert de Moab, puis celui de Joshua Tree, les retrouvailles avec le bruit et la pollution de cette immense mégalopole qu’est Los Angeles ne nous enchantent guère. Nous passons donc la journée du jeudi entre trajet en voiture, magasin d’usine Five Ten, et tacos.
Après le calme du désert de Moab, puis celui de Joshua Tree, les retrouvailles avec le bruit et la pollution de cette immense mégalopole qu’est Los Angeles ne nous enchantent guère. Nous passons donc la journée du jeudi entre trajet en voiture, magasin d’usine Five Ten, et tacos.
Et
c’est ainsi que s’achève nos 68 jours au pays de l’Oncle
Sam !
Merci à Brent de nous avoir accueilli, Andy de nous avoir baladé à Moab, Faith de m’avoir trimballé pendant un mois et demi, et toutes les personnes rencontrées qui ont fait de ce trip une expérience inoubliable !
Merci à Brent de nous avoir accueilli, Andy de nous avoir baladé à Moab, Faith de m’avoir trimballé pendant un mois et demi, et toutes les personnes rencontrées qui ont fait de ce trip une expérience inoubliable !
Photos : Corey McCarthy, Faith Dickey et Thibault Cheval
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